Menu
MOUEZH BREIZH, LA VOIX DE LA NATION BRETONNE

Interview de Padrig MONTAUZIER


Rédigé le Mercredi 3 Avril 2024 à 08:33 | Lu 121 commentaire(s)


Interview parue dans le n°30 de juin 2010


Interview parue dans le n°30 de juin 2010

Interview de Padrig MONTAUZIER
Pour les 10 ans de la revue WAR RAOK il nous a semblé intéressant de poser quelques questions à son directeur de publication, Padrig Montauzier. Si cette revue reste unique en Bretagne, il faut  souligner le courage et la persévérance d’une équipe rédactionnelle déterminée, qui ne cède pas aux premières menaces, qui ne frémit pas à la première tempête, qui, la tête haute exprime des idées généreuses et des vérités dans un esprit libre et indépendant. C’est en fait un véritable pied de nez à tous ceux qui rêvent de passer des menottes aux fleurs ! On connaît tous la détermination d’un homme comme Padrig Montauzier, ce combattant de la Bretagne libre comme le surnomme souvent ses proches, ce fils du peuple qui a beaucoup donné pour la liberté de ce peuple breton, sans parler de son amour passionnel de la Bretagne, sa patrie. Si les Bretons sont conscients de vivre des temps difficiles, tant sur le plan social, environnemental, politique qu’économique, ils ont encore du mal à établir un diagnostic complet et correct de leur situation de peuple colonisé, de peuple privé de ses droits nationaux, oppressé par une France sclérosée et malade qui l’entraîne dans sa chute. Or sans diagnostic complet, pas de thérapie efficace. Il suffit d’ouvrir les yeux pour comprendre la source des maux qui gangrènent aujourd’hui la Bretagne et les autres nations européennes.
Voilà pourquoi l’existence d’une revue comme WAR RAOK est indispensable à l’éveil du peuple breton et à la renaissance d’une identité bretonne forte.

Question : La revue WAR RAOK, avec ce numéro 30, a 10 années d’existence. Quel bilan en tirez-vous ?

Padrig Montauzier : Lorsque le premier numéro de la revue a vu le jour en 2000, nous étions dans un travail totalement artisanal, surréaliste, faute de moyens financiers principalement mais également avec une équipe déterminée certes, mais de bénévoles totalement inexpérimentés dans ce domaine. Aujourd’hui, vous pouvez constater l’évolution d’une revue qui n’a rien à envier à la grande majorité des publications en Bretagne. 


Interview de Padrig MONTAUZIER

Question : Une revue, peut-on dire sans commettre d’erreur, politique comme la vôtre, a généralement une existence de vie très courte, comment expliquez-vous cette longévité ?

Padrig Montauzier :  Je pense que la revue intéresse tout simplement le lecteur, que ce dernier trouve dans celle-ci ce qu’il ne peut trouver dans aucune autre revue bretonne : des analyses et des prises de positions objectives et réalistes alors qu’à côté on publie, de façon bien frileuse, des informations sciemment tronquées ou amputées de peur de se situer dans le camp du « politiquement incorrect » et d’être taxé de tous les maux du monde. Cela n’a jamais été la politique de la revue, bien au contraire. WAR RAOK est très certainement une revue à l’avant-garde d’un mouvement qui va s’approfondissant. Elle affiche fièrement une attitude dissidente qui se nourrit d’une prise de conscience des méfaits du colonialisme français et du cosmopolitisme ambiant. Cette prise de conscience doit conduire à renouer avec l’identité bretonne et la civilisation européenne. Il faut refuser que les Bretons se laissent contaminer par des émotions étrangères et préfabriquées de l’extérieur afin de mieux se réapproprier ses propres émotions : celles liées à sa terre, à son peuple, à sa langue, à son histoire et ses traditions, sa religion… aux émotions de sa famille, de sa lignée. Face à l’inacceptable, il faut retrouver la voie de la raison et les grandes règles de l’esprit européen, il faut retrouver la voie d’une nouvelle dissidence, d’une nouvelle résistance. Pour conclure, notre dissidence n’est pas seulement réfléchir, c’est aussi agir autrement. Voilà le choix de la revue. 

Question : Votre revue n’a pas choisi le créneau politique le plus facile, elle s’inscrit dans une démarche bretonne à la fois nationaliste et indépendantiste. N’est-ce pas un handicap ?

Padrig Montauzier : Certes ce choix n’est certainement pas le plus aisé, mais c’est un choix politique réfléchi. Ainsi le lecteur peut s’informer et mieux comprendre ce que renferment les mots nationalisme et indépendance. Trop d’erreurs volontaires diffusées par les opposants à toute émancipation du peuple breton sont ainsi corrigées. La Bretagne subit une occupation depuis la perte de son indépendance, la Bretagne est une des plus vieilles nations européennes…. Tout cela il faut non seulement le dire, l’écrire, mais également l’expliquer avec des mots justes, simples et sans excès. C’est un des rôles primordiaux de la revue, un rôle d’éducation. Où pouvez-vous lire de telles analyses aujourd’hui ? Citez-moi une revue bretonne qui ose traiter correctement et mettre un sens réel et véritable à cette lutte de libération nationale, lutte émancipatrice… Aucune revue n’ose affronter les foudres du « terrorisme intellectuel » ambiant. Attention à l’idéologie unique revendiquée par certains qui veulent enfermer la pensée dans un espace carcéral, assujettir le peuple breton et imposer un despotisme à travers une logique totalitaire. C’est un choix difficile en effet, mais je l’assume.

Question : Si WAR RAOK est une revue politique, elle n’a pas commis l’erreur d’être exclusivement politique. Elle est ouverte à des rubriques diverses comme l’actualité, tant en Bretagne qu’en Europe, ou encore la nature, le patrimoine, l’histoire, la musique… et même la cuisine. Pourquoi cette orientation et ce choix ?

Padrig Montauzier : Si les tous premiers numéros de WAR RAOK avaient effectivement un contenu exclusivement politique, exprimant l’expression d’un parti, aujourd’hui il en est autrement. Je pense qu’une revue qui se limiterait à traiter exclusivement de politique, lasserait rapidement le lecteur et serait vouée à l’échec. WAR RAOK n’est pas une revue de parti politique. Le choix est de faire des analyses politiques sur des faits d’actualité importants. Exemple : les algues vertes, la démographie en Bretagne et en Europe, l’amputation d’une partie de notre territoire national, l’immigration, l’émigration, les libertés bretonnes, le chômage, l’islam…. Tous ces grands faits d’actualité et de société y sont non seulement traités mais comportent obligatoirement une analyse politique propre à la revue. Je pense que cela plait au lecteur, car souvent notre analyse politique est bien dissonante des autres analyses.

Question : Mais pourtant vous réservez dans la revue quelques pages à un parti politique ?

Padrig Montauzier : Effectivement. Lorsque l’actualité politique bretonne l’impose, nous évoquons dans une rubrique intitulée « politique bretonne » les actions du parti ADSAV-Parti du Peuple Breton. Pourquoi ce parti plus qu’un autre me direz-vous ? Pour la simple raison qu’aujourd’hui en Bretagne il n’existe qu’une seule et unique force politique nationale, et que bien souvent ses objectifs et ses démarches pour la défense des libertés bretonnes ne sont pas éloignés de notre philosophie. Si demain une autre formation politique bretonne, défendant réellement les intérêts de notre peuple, voyait le jour, il n’est pas exclu que notre revue en fasse l’écho. Mais aujourd’hui, et je vous le précise à nouveau, WAR RAOK n’est pas le porte voix d’un parti politique.

Question : Malgré la qualité de votre revue et son sérieux, vous êtes confronté à une véritable chape de plomb, une sorte de « cordon sanitaire » s’acharnant à taire son existence même. Est-ce toujours d’actualité ?

Padrig Montauzier : Comme vous le précisez dans votre question, la qualité et le sérieux sont nos deux principaux atouts. Nous avons progressivement déstabilisé nos détracteurs. Je n’ai jamais souhaité non plus être encensé ou flatté par des esprits chagrins, mesquins… Je préfère être debout face aux adeptes de la pensée unique, du consensus mou, et autres petits esprits. Le fait d’exister, et de progresser, depuis 10 années est quand même un gage de sérieux. Je pense qu’il y a longtemps (à l’image de nombreuses revues bretonnes éphémères) que nous aurions mis « la clé sous la porte » si la revue n’avait pas un impact réel et n’intéressait pas les Bretons (et les non-Bretons). Notre revue, votre revue progresse et bénéficie aujourd’hui d’une réelle reconnaissance, ce n’est pas un hasard. Il faut également préciser que nous ne bénéficions d’aucune subvention, d’aucune publicité…. WAR RAOK est une revue libre, totalement libre narguant les censeurs de tout horizon. 

Interview de Padrig MONTAUZIER

Question : La censure ne conduit-elle pas obligatoirement à la fin de la pensée ?

Padrig Montauzier :  La censure n’est-elle pas la limitation arbitraire ou doctrinale de la liberté d’expression ? Il existe une censure permanente, un véritable « terrorisme intellectuel », une police de la pensée unique, une désinformation "pacificatrice des esprits". Ces dernières années, apparaît un phénomène qu'il faut observer avec attention : la crainte de dire le fond de sa pensée. Il ne faut plus penser personnellement, mais seulement dans les catégories de la "conscience collective" ou de la popularité de masse. Ce sont des dangers réels. Nos sociétés occidentales commencent à pratiquer la "démocratie populaire" que je croyais vaincue depuis une décennie en Union soviétique et dans les Pays de l'Est sous dictature communiste. Je suis partisan d'une pensée forte, ayant pour objectif la marche en avant. Je me méfie de la volonté angélique d'oublier les offenses faites aux autres, ou d'un esprit justicier à sens unique. La revue que je dirige se veut être une revue indépendante, respectant les opinions de chacun mais demandant en retour un respect mutuel. Comme vous pouvez le constater, les analyses politiques, économiques, sociales ou culturelles traitées dans WAR RAOK, sont abordées sans complaisance mais avec objectivité et rigueur, à une époque où la peur et la trahison nous environnent de partout. Libre comme je le précise ci-dessus et incarner la résistance de cette pensée bretonne sans hésiter à bousculer la théorie du sens de l’histoire officielle. Je refuse que la revue subisse la loi de ceux qui se targuent de vertu et de droit et veulent remettre en place les tribunaux révolutionnaires pour les mal-pensants. Les systèmes totalitaires, en plaçant dans la loi la déviance politique, nous ont montré qu’ils avaient bien saisi la leçon.

Question : Pour conclure, quels sont vos projets pour WAR RAOK ? Allez-vous persévérer dans votre ligne de dissident et de porte-drapeau du nationalisme breton et de la renaissance d’une nation bretonne souveraine dans une Europe des peuples ?

Padrig Montauzier : Non seulement je pense pouvoir vous dire que la revue va continuer à diffuser les idées généreuses de liberté, cette liberté dont nous privent la France et son administration coloniale. Il est vrai qu’une telle liberté de ton ne peut que déplaire chez nos adversaires. WAR RAOK depuis sa création a mis fin à la « vérité unique », a revisité l’histoire officielle, mis en lumière les connivences de certains… A notre époque bien-pensante, toute pensée rebelle est diabolisée. Nous nous en sommes bien acclimatés. Si certains aujourd’hui ont peur de leur ombre, se passent eux-mêmes la camisole intellectuelle, nous préférons, nous, c’est-à-dire toute l’équipe directionnelle de la revue, agir pour une véritable renaissance bretonne en évitant surtout de ne pas tomber dans le piège d’une revue extrémiste, irresponsable et contestataire. Quant à mes souhaits pour WAR RAOK, ils sont très simples : développer au maximum sa parution afin d’éveiller les consciences d’un peuple, de mon peuple. 
Ma conclusion sera sans appel : WAR RAOK doit être le véritable outil de démocratisation et de libération des esprits du formatage de l’idéologie unique, d’émancipation des intelligences… en prenant bien soin de passer au crible toute vérité officielle. WAR RAOK est bien le porte-drapeau du nationalisme breton et de l’indépendance de la Bretagne. La voix de la nation bretonne. 
 
Interview réalisée par : Michèle HUET, Anna LOSSOUARN et Jelvestr Le CLOAREC.



Dans la même rubrique :
< >

Mercredi 24 Avril 2024 - 15:29 Assises bretonnes sur l'immigration

Mercredi 24 Avril 2024 - 10:12 Éditorial



War Raok n° 69 - Printemps 2024


24/04/2024

Souscription permanente

Souscription permanente !

War Raok est une revue bretonne moderne libre et indépendante. 
War Raok affiche fièrement une attitude dissidente indispensable à l’éveil du peuple breton et à la renaissance d’une identité forte. 
War Raok
 c’est un véritable outil de démocratisation et de libération des esprits du formatage de l’idéologie unique.
War Raok c’est l’émancipation des intelligences, la voix d’une nouvelle résistance… le porte-drapeau de la nation bretonne.

Voilà le choix de la revue. Mais ce choix de l’indépendance, notamment financière, face au blocus de la presse aux ordres et de la police de la pensée, n’est pas sans conséquence. Sans moyens financiers, autre que la démarche militante des abonnés, le combat est inégal. Aussi, afin d’assurer une publication régulière et de qualité, l’ouverture d’une souscription permanente est le meilleur moyen de conforter la pérennité de notre existence.
Merci d’avance, Bretons et amis de la Bretagne, pour votre soutien.

 

Par courrier : WarRaok
50 bis avenue du Maréchal Leclerc
Appartement 203
35310 MORDELLES.


WR
24/04/2024

Facebook



Partager ce site
Facebook
Twitter
Mobile
Rss