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La statue de Louis XIV dévoilée au Musée des beaux-arts de Rennes  : la provocation de trop  !


Rédigé le Vendredi 17 Mai 2024 à 16:20 | Lu 12 commentaire(s)



in War Raok ! - n° 65 - Décembre 2022

Après l’affaire du Musée de Bretagne et son exposition celtique concluant que l’identité celte était un mythe, une seconde provocation a vu le jour : la venue d’une statue réduite de Louis XIV au Musée des Beaux-Arts à Rennes, sur le lieu même de ses plus sinistres forfaits.

C’est le 17 Septembre 2022 que fut dévoilée au Musée des Beaux-Arts de Rennes une réplique réduite de la statue équestre de Louis XIV venue rejoindre les deux imposants bas-reliefs qui étaient à l’origine apposés au socle et le Nouveau-Né de Georges de la Tour. L’œuvre originale monumentale est conçue à la demande des États de Bretagne, entre 1688 et 1689, par Antoine Coysevox (1640-1720), alors le sculpteur le plus important de la fin du règne de Louis XIV. Initialement destinée à la ville de Nantes, la statue a été finalement accueillie le 6 juillet 1726 par la ville de Rennes sur la nouvelle place du Palais (aujourd’hui place du Parlement de Bretagne), quelques années après les travaux de reconstruction qui suivirent le grand incendie de 1720. Haute de 4 mètres, elle repose sur un piédestal de 3 mètres de hauteur, ornée de chaque côté de reliefs en bronze également exécutés par Antoine Coysevox en 1693.


Le retour controversé du Roi Soleil à Rennes

 

Il n’est pas concevable que le retour de la statue de ce « roi soleil », même sous forme de réplique, se fasse au mépris de la mémoire des Bretons, statue symbolisant la répression de Louis XIV qui étouffa dans le sang la révolte du papier timbré et des Bonnets rouges. Pour rappel historique, quelques exactions et représailles des dragons du Duc de Chaulnes, cet être monstrueux aux ordres du monarque : pendaisons, décapitations, supplice de la roue, viols, condamnations aux galères... 

L’objectif du roi despote est en fait de réaffirmer son autorité après la révolte des Bretons par l’érection d’une telle statue, avec priorité de museler cette « province » rebelle. 

Conservée dans une collection aristocratique britannique de longue date, (une source atteste sa présence à la fin du XIXe siècle), la réduction équestre arrive sur le marché il y a plus de trois ans. Le fait que les éléments du socle soient conservés au musée de Beaux-Arts de Rennes depuis sa création (en 1801) constitue un argument de choc. La commission consultative des trésors nationaux rend alors un avis favorable en octobre 2019. Reste donc à trouver la ou les entreprises acceptant de financer l’objet d’art estimé à 2,37 millions d’euros. Mission délicate que le musée rennais réussit à mener à bien. 

Le mécène, un certain Bruno Caron, collectionneur et amateur d’art, fondateur et président du groupe alimentaire Norac (anagramme de son nom) spécialisé dans la viennoiserie, la pâtisserie, le snacking et dans l’univers traiteur. Le groupe est aujourd’hui un acteur majeur de l’agroalimentaire en Bretagne, en France et à l’international.

L’acquisition de cette statue, considérée comme un trésor national au profit d’une utilisation publique, ouvre le droit, pour l’entreprise mécène, à une réduction d’impôt égale à 90 % du montant du versement effectué.


La Bretagne défie le pouvoir royal

 

Louis XIV, le mal nommé « Soleil », mène grand train de vie. S'ajoute les nombreuses guerres avec ses voisins européens (en 1675 avec la Hollande). Les caisses de la monarchie française sont vides. Son ministre Colbert décide alors de lever plusieurs impôts : sur la vaisselle d'étain, le tabac et le papier timbré. C’est la révolte des Bonnets Rouges et du papier timbré. 

Depuis le faux traité d’union de 1532 du Plessis-Macé, la Bretagne avait conservé une totale autonomie fiscale. Aussi ces trois impôts sont-ils malvenus. Le peuple de Rennes s'enflamme et détruit les locaux délivrant le papier timbré le 18 avril 1675. La ville de Rennes sera véritablement martyrisée. L’insurrection  gagnera ensuite Nantes, Dinan, Guingamp, Lamballe, Pontivy, Questembert, Saint-Malo, Vannes... L'impôt sur le papier existait déjà mais l'évocation de l'instauration de la "Gabelle", impôt sur le sel dont la Bretagne est exemptée car productrice, et d'une taxe sur le tabac enflamme toute la Bretagne. A Carhaix, un notaire, Sébastien Le Balp, dirige la révolte et lève une armée de « Bonnets rouges » qui s’étend également dans le Léon, le Trégor, le Goelo, la Cornouaille. Réunis à la chapelle de Tréminou près de Pont-L'Abbé, les paysans inventent un nouveau « code » appelé « paysan ». Sébastien Le Balp est tué par le frère du marquis de Montgaillard le 3 septembre 1675 à la veille du soulèvement. Son corps est exhumé et on organise un procès à son cadavre qui est traîné sur une claie puis exposé sur une roue ! Il est ensuite décapité et son corps enterré à l’église de Kergloff, son crâne est recueilli à la chapelle St Drézouarn.

Privé de son chef, la révolte se désagrège mais reste très ancrée dans la mémoire des Bretons jusqu'à nos jours.

 

Meriadeg de Keranflec’h


Notes :

  1. C'est la seule statue équestre de Louis XIV par Antoine Coysevox connue et conservée à ce jour.
  2. Le peuple breton n’a pas oublié les exactions commises par l’armée de Louis XIV, commandée par le duc de Chaulnes, les supplices infligés à de jeunes hommes à Rennes et ailleurs, la répression terrifiante des paysans bretons en lutte pour leurs libertés, mais encore les viols systématisés par la soldatesque dans les villes traversées.



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